Du déséquilibre à l’équilibre ♎️

On pourrait traduire l’expression “Hatha Yoga” par l’union du Soleil (Ha) et de la Lune (Tha). Symboliquement, le Soleil et la Lune représentent respectivement les polarités + et – de l’Univers, que la pensée désigne sous le nom de Yin-Yang, ou encore principe masculin d’action (= Soleil-Yang-Animus) et principe féminin de réception (= Lune-Yin-Anima), qui n’ont rien à voir avec les genres, puisque ce sont des qualités énergétiques présentes en chaque être humain.
Le principe solaire est un principe d’action, une émission d’énergie, tandis que le principe lunaire est un principe de réception, un espace accueillant. Comme l’écrit Cyrille Javary, ces deux principes ne sont pas simplement opposés et complémentaires l’un de l’autre : ils interviennent constamment dans un mouvement dynamique d’alternance.

En fonction de notre  personnalité, il peut y avoir prédominance de l’une de ces deux énergies. Ensuite, des facteurs intérieurs et/ou extérieurs peuvent nous influencer, nous serons donc tantôt Yin tantôt Yang, et cela peut changer selon les périodes de notre vie.

Equilibrer ces deux principes – à l’intérieur de soi et dans notre relation à l’autre et au monde – est une entreprise essentielle et difficile !! Car tant que nous sommes en vie, l’équilibre parfait n’existe pas : tout au plus pouvons nous tendre vers l’équilibre, et pour cela, tout d’abord, accepter et maîtriser nos déséquilibres (quels qu’ils soient ?).

Cette quête d’équilibre – ou de rééquilibrage – c’est ce que propose, entre autres, la voie du Yoga, à travers de nombreux exercices et rituels.

 

Pour en savoir plus : mon article sur Yin-Yang.

 

⚖️? L’équilibre est une quête

Le Yoga est une voie de transformation qui nous permet de réunifier ce qui est morcelé, de stabiliser ce qui est instable, d’aller du déséquilibre à l’équilibre. Il nous montre comment accepter tous ces mouvements, ces allers-retours entre tourmente et apaisement : le vivant de la Vie s’exprime en nous à travers ces états psychiques et émotionnels, qui se traduisent naturellement dans le corps.

L’équilibre se cherche, se trouve, se perd, se cherche de nouveau… sans cesse !

Le déséquilibre maîtrisé est l’art suprême de la Vie sans lequel rien n’existe. Il faut le déséquilibre pour le mouvement des atomes et il faut savoir accompagner l’équilibre pour connaître l’équilibre.
Car la Vie est déséquilibre et changement permanent.

 

Les postures d’équilibre dans le Hatha Yoga

J’aime pratiquer les postures d’équilibre du Hatha Yoga !! ?

L’équilibre peut être parfois tout sauf du repos ! Mais c’est justement ce qu’on va chercher : l’équilibre dans la posture, telle qu’elle est définie dans les Yoga Sutrâ de Patanjali : « sthira sukha asanam » (une alliance de fermeté et aisance), implique d’être « fermement établi dans un espace heureux » (traduction de Gérard Blitz).

Ce sont des postures difficiles qui exigent attention, persévérance et… humour !! ?
En souriant, comme pour toutes mes pratiques de Yoga. Le sourire que je glisse dans toutes les situations de mon existence : car le sourire allège et recentre et dissipe aussitôt toute inquiétude. ️

Si on y réfléchit, les postures d’équilibre du Hatha Yoga ne sont que des postures de déséquilibre !! ?
Elles sont exigeantes, difficiles à tenir et plus le polygone de sustentation* est étroit (en équilibre sur les orteils des deux pieds, voire d’un pied, sur les deux mains, sur une main et un genou…), plus l’équilibre sera difficile à trouver… et à tenir.

 

*Polygone que l’on obtient en joignant les points d’appui les plus extérieurs d’un corps posé sur une surface et à l’intérieur duquel doit se trouver la projection du centre de gravité du corps pour qu’il y ait équilibre.

 

Alignement : comme les arbres, le corps aligné

 

Tout le propos du Yoga est là : accueillir le déséquilibre pour chercher à s’équilibrer. L’équilibre se cherche… et parfois on le trouve !

Comment faire ? Il s’agit d’être pleinement là, pleinement dedans, c’est à dire en soi, dans son centre. Se connecter au centre de gravité du corps physique, et rester dans la présence à soi, grâce à l’ancrage du souffle comme bouée de sauvetage.
Les postures d’équilibre du Hatha Yoga sont le baromètre de notre concentration.
Cela veut dire rester dans son centre, dans son axe, aligné, mais aussi dans un état de lâcher prise. Pour échapper à la dispersion, à l’agitation mentale, mais aussi à l’hypervigilance, qui entraînent une déperdition d’énergie…

Enfin, de manière plus générale, toute posture de Hatha Yoga, doit nous amener à un équilibre entre ce qui est à l’intérieur et ce qui est à l’extérieur. Et ceci est valable également pour toutes les situations de notre vie. Les pensées (= monde intérieur, invisible) que nous émettons vont se manifester à l’extérieur (= monde visible).

Savoir revenir dans son centre, rester concentré sans être dans l’hyper contrôle… Puis, petit à petit, connaître ce qui nous décentre. La posture d’équilibre exige de revenir dans le maintenant, de se recentrer en soi-même. ?

Finalement, l’équilibre est une attitude intérieure : le fait d’être fermement établi en soi-même, d’avoir du “hara” (du ventre).
Il est question de confiance dans l’équilibre. La confiance qui seule permet d’éloigner les peurs (la peur de tomber, de se faire mal, de souffrir…).

En sanskrit, il existe un mot qui définit le fait de rentrer ses sens à l’intérieur, comme la tortue rentre ses pattes sous sa carapace : Pratyahâra, le retrait des sens. Pourquoi cela ? Précisément pour accroître en nous cette confiance, en commençant par observer ce qui se passe en nous, puis en mettant le projecteur sur notre Ombre, faite de peurs, de croyances limitantes, d’illusions, de projections…

Il s’agit de développer cette qualité dans les postures : on sent mais on n’analyse pas, on entend, mais on n’écoute pas, on voit, mais on ne regarde pas.
L’expérience de méditation la plus importante que l’on puisse faire, c’est dans l’équilibre : si on est complètement en soi-même, alors on est dans l’équilibre.
Mais, pour installer cet état de méditation, il faut au préalable que la posture soit ferme et agréable.

Pour s’ouvrir à l’état de méditation infinie, on doit relâcher tout effort inutile, comme il est précisé dans les Yoga Sutra.

 

*Comment ça se passe sur le plan biomécanique :

Tout part de notre centre, le « hara » des guerriers d’arts martiaux. Le centre de gravité des forces physiques dans notre corps, c’est le bas ventre (« hara ») et le bassin.

Quand on crée un équilibre, on crée un repos entre deux forces opposées qui s’annulent. Quand on est corps debout, il y a nécessairement un équilibre entre les muscles avant et les muscles arrière du corps.
Il s’agit de trouver un rapport de forces juste entre les muscles de l’avant, qui tirent vers l’avant, et les muscles de l’arrière, qui cherchent à retenir le corps afin qu’il ne tombe pas.

Quelques définitions :
– L’aplomb :

Ce terme désigne littéralement la direction perpendiculaire au plan de l’horizon ; donc : la verticalité indiquée par le fil à plomb ; l’équilibre (d’un corps) en position verticale. Il signifie également : l’équilibre entre diverses tendances, différentes forces opposées ; enfin, c’est la confiance en soi que rien ne déconcerte.
Sur le plan biomécanique, c’est la façon dont le squelette s’agence os par os au niveau des articulations, l’état d’équilibre du corps reposant sur les membres.

– L’assiette :

Être équilibré.e, c’est être bien dans sa vie, et dans sa relation aux autres. On dit qu’on est « dans son assiette », comme le cavalier assis fermement sur son cheval. A l’inverse, on dit qu’on n’est pas dans son assiette quand on ne se sent pas bien.
L’assiette (de la racine AS- que l’on retrouve dans « asâna », mot sanskrit signifiant « posture »), c’est la façon de se poser dans son bassin.
L’assiette signifie littéralement la tenue du cavalier en selle ; mais aussi : équilibre ; assise ; fermeté : base ; stabilité ; puis : état d’esprit , dispositions habituelles.

– Le polygone ou surface de sustentation :

Polygone que l’on obtient en joignant les points d’appui les plus extérieurs d’un corps posé sur une surface et à l’intérieur duquel doit se trouver la projection du centre de gravité du corps pour qu’il y ait équilibre.
Le mot « sustentation » signifie le fait de soutenir, de maintenir en équilibre (< sustentare = tenir par-dessous, soutenir, supporter, maintenir, conserver en bon état).
Lorsqu’on élargit le polygone de sustentation — la surface la plus large, c’est lorsque tout le corps est allongé sur le dos, dans la posture de SAVÂSÂNA — on prend tout particulièrement conscience du poids de son corps sur le sol, parce qu’on lâche le tonus musculaire.
On peut imaginer alors qu’on lâche le poids de son corps sur le sol, parce que tout simplement on lâche le tonus musculaire.

– L’importance du regard :

Regarder un point fixe pour fixer le regard, ainsi on fixe la tête, ce qui permet de stabiliser l’oreille interne : on évite ainsi de faire bouger les liquides qui se trouvent dans l’oreille interne. Il est préférable de décider que ce point est le meilleur des points : cela exige un travail de concentration. Mais ce n’est qu’une béquille qui est là pour nous rassurer. En réalité, on n’en a pas besoin ! Parce que de nos cinq sens, la vue est le sens le plus sollicité. Si on ferme les yeux dans un équilibre, ça ne change rien, sauf que les humains ont construit toute leur vie avec une prédominance de la vue. Quand on a les yeux fermés, on cherche les choses à tâtons. On a besoin de voir. On a l’impression que, si on ne voit pas, on est perdu.

La vue coiffe les autres sens. De même on dit que la douleur coiffe toutes les autres sensations.

Il est intéressant d’apprendre à marcher les yeux fermés, à manger les yeux fermés.
Il est important surtout d’utiliser nos autres sens et de leur redonner toute leur valeur : réapprendre à entendre vraiment, à sentir tactilement et par l’odorat, rééduquer notre corps pour passer de la vision focale (< fovea = point fixe) à la vision périphérique (= vision dans laquelle on n’accorde pas d’importance aux points de détail) : par exemple, quand on conduit, on passe sans cesse de l’une à l’autre.

– La posture debout :

C’est la première de toutes les postures d’équilibre ! Dans l’histoire de l’évolution, la bipédie est une construction de l’être humain…
A partir d’une position, on teste son squelette (ses os) de sorte qu’il y ait assez de force musculaire possible pour que cela tienne : c’est ce qu’on appelle l’aplomb osseux.
C’est ce qui se passe lorsqu’on reste longtemps debout : c’est alors la cheville qui nous porte. L’os de la cheville (calcaneum) bien calé et, au-dessus, l’os du tibia.
L’équilibre se rompt dès que le calcaneum se soulève du sol, il n’est plus la base : il faut alors retrouver un nouvel aplomb. Lorsqu’on reste longtemps debout, il faut porter le poids du corps sur les talons. Les orteils sont alors presque hors appui. Si on porte l’aplomb osseux vers l’avant, on n’est plus dans une situation d’équilibre. L’aplomb osseux doit passer plutôt vers l’arrière.

*Comment préparer les postures d’équilibre :
– A partir du mouvement et d’une remontée de tonus :

C’est ce qu’on appelle la trophicité, c’est à dire ce qui permet d’avoir du tonus (= il y a activation du brassage sanguin qui permet qu’il y ait plus d’oxygène dans les muscles).
Les remontées de tonus se font par la mise en mouvement, surtout autour de l’assiette : il y alors un brassage sanguin autour du bassin et de l’abdomen.
Ex : posture du  DEMI PONT avec contraction du périnée, des fessiers et des abdominaux

– Grâce aux exercices de méditation et de relaxation :

Pour apaiser l’agitation mentale et augmenter notre faculté de concentration.

*Quelques exemples de postures d’équilibre du Hatha Yoga :

 

sur les orteils des deux pieds :

sur un pied : l’Arbre, le Héron

 

sur les mains : Corbeau

sur les ischions (= os sous les fesses) :

 

sur le flancDemi Lune

Dessin de Pascale Brun

 

sur les épaules :

Demi-pont

Sarvangasana  : Chandelle et Demi-Chandelle

sur la tête : Posture sur la tête

 

♎️ Pour la Balance que je suis, la quête d’équilibre est l’histoire de ma Vie : entre faire et laisser faire, entre effort et non effort, entre action et non action, entre écoute active et lâcher prise, entre présence et intention, entre donner et recevoir, entre principe féminin-Anima (Lune-Vénus) et principe masculin-Animus (Soleil-Mars).

Au centre de cette quête : l’Amour, qui jamais ne s’effrite, jamais ne fuit ni se déstabilise.️

Equilibre toi à partir de tes déséquilibres !! ♎️?

 

 

 

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