Souvenez vous quand vous étiez petit, et que vous jouiez à cache-cache.
Courir se cacher dans les endroits les plus improbables (ou les plus visibles ?) et attendre…
Réfléchissez : aimiez vous vous cacher ou plutôt être celle/celui qui cherche les joueurs et débusque leurs cachettes ? Que préfériez vous : qu’on vous trouve ou qu’on ne vous trouve pas ?…
Il y a autant de réponses que d’individus….
Dans notre vie, c’est pareil, on joue tous à cache-cache : cela veut dire quoi, cacher, se cacher, voiler, (se) dévoiler ? Que cache-t-on ? Que montre-t-on… de nous ? Quelles sont les intentions (sincères ou fausses) derrière nos jeux de cache-cache ? ? ? ?

Voiler – cacher – dissimuler – se déguiser

Il y a ce que je cache, ce que je montre, ce que je dis, ce que je tais…. mais comment je m’y prends ? Dans quelles circonstances je décide de voiler ou de dévoiler qui je suis ?….

Tout ne se montre pas, tout ne se cache pas non plus. Parce qu’il est question, dans nos jeux de cache cache, d’écoute intérieure, de conscience, de respect de soi et de l’autre. Cela demande un dosage aux subtiles nuances pour être à la fois totalement soi et totalement en harmonie avec l’environnement. ?

Connaître le nuancier de nos jeux de voiles est très utile :

  • Voiler pour se protéger et protéger l’autre, voiler pour se déguiser en jouant de son apparence, ce n’est pas la même chose que voiler pour brouiller les pistes ou pour dissimuler.
  • Dévoiler pour révéler qui l’on est dans sa vérité, ce n’est pas la même chose que dévoiler pour s’exhiber ou étaler (ce que l’on est, ce que l’on sait, ou plutôt ce que l’on croit être ou savoir…).

– Voiler pour (se) cacher

Cacher vient du latin populaire coacticare, de coactare, comprimer/contenir. La racine de ce verbe est le verbe latin « agere » qui signifie « agir ». C’est d’ailleurs la même racine que « cogitare » qui veut dire penser (littéralement : agiter des pensées).

Cacher est une action délibérée : je cache pour ne pas montrer, parce que ce n’est pas le bon moment, parce que je ne suis pas avec la bonne personne, parce que cela trahirait qui je suis, parce que la situation est dangereuse, parce que je ne me sens pas en sécurité…
Se cacher pour se protéger : des regards inquisiteurs, déshabilleurs, intrusifs, des paroles assassines, des relations malsaines….
Se cacher pour passer incognito quand on doit traverser des terres hostiles…
Se cacher, c’est mettre un voile de pudeur, de réserve, de discrétion entre soi et le monde : une interface douce et subtile pour préserver son intimité. On ne se met pas à nu impunément…

Dans certaines cas, cacher – ne pas dire, ne pas montrer – est un acte salvateur, un geste de protection. Si je dois sauver ma peau, celle de mes enfants ou de toute personne en détresse, je serais prête à tout, y compris à mentir.

– Voiler pour dissimuler et pour masquer

Mais on peut voiler par choix délibéré de dissimuler, de feindre, de camoufler. On n’est pas loin de la manipulation… Voiler, alors, c’est mentir, se mentir, ne pas se montrer tel.le qu’on est vraiment.

Voiler n’est pas toujours conscient : il y a ce que je ne veux pas voir, alors je le voile…. Je me voile la face, comme on dit. Et je me voile en même temps la vérité : je suis dans le mensonge, dans l’illusion.

Et je brouille les pistes, dans ma relation à moi même comme dans ma relation aux autres.

C’est ce que la pensée indienne nomme Maya, le monde de l’illusion, l’ensemble des phénomènes illusoires perçus par nos cinq sens, les pensées, les croyances, les fantasmes, les peurs….
Le voile de la Maya s’interpose entre soi et le monde…

Alors on rase les murs, ou bien on se cache derrière un faux soi : derrière le silence au lieu de s’exprimer (et de dire nos besoins, nos émotions, nos limites, nos désirs, nos opinions…), derrière les paroles (au lieu d’écouter), derrière les apparences extérieures (vêtements, accessoires, ornements, oripeaux…) au lieu de s’accepter totalement, donc avec ses imperfections !

Le risque, c’est de devenir une façade de soi, ou un morcellement malhonnête (parce que non sincère) de soi….

– Voiler pour jouer et pour se déguiser

Parfois, au contraire, le voile de l’apparence devient un terrain de jeu !!
Se déguiser, c’est changer d’apparence pour s’amuser d’être soi, pour faire défiler nos différentes facettes. Pour surprendre là on on ne nous attend pas. Pour tenter l’insolite, oser la différence.

C’est utile parfois d’avancer masqué.e pour mieux découvrir le monde !! ?

C’est un jeu que j’aime bien jouer de temps en temps : comme au théâtre, je me mets en scène dans ma propre vie.
C’est comme prendre des pseudonymes ou se faire appeler par des surnoms ou diminutifs : j’en ai plusieurs, et chacun correspond à une partie de ma personnalité en lien avec une fonction particulière que j’exerce dans ma vie (personnelle et professionnelle).

Se déguiser – sans se prendre au sérieux ? – c’est montrer une face moins connue de soi, c’est oser montrer sa beauté sous un angle insoupçonné et, peut être, mettre en valeur sa beauté cachée…

C’est accepter les différents personnages que j’abrite en moi même, et chercher l’unité, ce qui les relie les uns aux autres, pour retrouver mon unité fondamentale, ma nature profonde, qui, elle, n’a pas besoin de jouer à cache cache….

– Dévoiler pour s’exprimer et se révéler

Pour dévoiler qui l’on est – s’exprimer, se dire, se montrer tel.le que l’on est – il faut une condition nécessaire : le climat de confiance.

Dévoiler, ce n’est pas s’exhiber, ce n’est pas se mettre dangereusement à nu, ce n’est pas non plus faire étalage (de ce que l’on possède, de notre « savoir »…), ce n’est s’afficher avec tapage….

Se dévoiler, c’est d’abord apprendre à se connecter avec ses ressentis, ses émotions, ses sentiments, ses sensations… C’est être dans une écoute totalement sincère et bienveillante de soi même. Une écoute qui ne passe pas par le biais du mental raisonnant, mais par l’accueil de ce qui se passe dans l’instant, et c’est par la connexion au corps que cela se passe.
Cette écoute intérieure qui mène au dévoilement de soi s’apprend : bien souvent on ne nous l’a pas enseignée dans l’enfance… On nous demande plutôt de nous taire, de ne pas exprimer ce que l’on ressent !

Se dévoiler se fait lentement, prudemment, progressivement, précautionneusement, avec douceur, sincèrement, honnêtement.

Il se trouve que je fais un métier qui m’apprend le dévoilement : enseigner, transmettre, traduire, écrire… c’est dévoiler ce que je sais (le peu que je sais), c’est montrer ce que je fais, c’est parler de ce que j’aime, de ce qui m’aide, des expériences qui m’ont amenée à changer… et les donner à voir, à lire, à entendre.
J’essaie de le faire avec le plus de clarté, de simplicité, d’honnêteté, d’humilité possibles… et toujours avec enthousiasme et passion !! ? ?

Ecoutons ce que nous disent nos jeux de cache cache : oser être soi, c’est cette audace mêlée de prudence qui nous permet d’accepter tous nos voiles et tous nos dévoilements, c’est sentir et accueillir la bonne opportunité pour savoir quand se draper de discrétion et de pudeur, et quand s’ouvrir avec sincérité et enthousiasme. C’est osciller dans nos jeux de pénombre et de lumière et se laisser être, comme un sourire qui inopinément illumine notre visage. ?

Merci à Lou Lecoq (L’Oeil de Lou) pour les très belles photographies et l’agréable moment d’émotion et de rires ! ? ✨?

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2 commentaires

Véronique Suchel · 29/12/2019 à 18:06

Merci Fabienne pour cette réflexion simple et profonde sur ce que signifie cacher et dévoiler et surtout sur ce qui autorise le dévoilement. Cela me touche et m’aidera certainement…… à me dévoiler!
Je te souhaite une très bonne fin d’année dans les étoiles et une merveilleuse année 2020 dans la continuité de ton chemin de vie.

    Nina Costa · 29/12/2019 à 19:22

    Merci à toi Véronique pour ta lecture attentive et pour tes beaux voeux !
    Le dévoilement – comme tout ce qui compte vraiment – est un apprentissage, un apprivoisement… qui met à l’épreuve notre patience, notre persévérance… et notre détermination à être nous même.
    Je te souhaite un merveilleux passage vers la nouvelle année 2020, prometteuse de renouveau et de joie.
    Om Shanti ?

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