La mer, la mère, l’amer

 

Il m’arrive d’aller voir la mer, juste pour la voir : elle est là, oui elle est toujours là. Je vérifie, Je suis rassurée. Et je repars, apaisée.

Quand ma mère est morte, c’était comme si tous les océans, toutes les mers, tous les lagons du monde s’étaient vidés de leur eau : un abîme amer.

C’est inconfortable le vide.
Il m’a fallu beaucoup de temps, beaucoup d’efforts de guérison, beaucoup de travail d’acceptation, pour que, petit à petit, l’eau revienne combler la béance. Et que la vie reprenne son cours.
Et ma vie a repris son cours.

Et le vide a créé un espace en moi où sont venus s’enraciner tous les possibles, tous les élans, tous les projets.

Il faut du temps pour se réparer, de la patience pour devenir soi même, et avancer malgré et avec toutes ses blessures.

Plusieurs cycles de naissance et de mort se succèdent au cours d’une même vie.

Pourquoi j’aime aller voir la mer ? Parce que je retrouve là l’âme de l’Univers et l’Amour infini, le seul qui ne meurt pas.
C’est sans doute pour cela que j’habite sur la côte bretonne…

 

 

La perte c’est la fin des choses.

Crépuscule, fin du jour, fin du voyage, fin du cycle, séparation, mort…

Accepter la perte c’est douloureux.
La mort de nos proches, ceux dont on voudrait qu’ils ne meurent jamais, la disparition des animaux qu’on aimait comme un bébé et qu’on ne reverra plus.
Tous les départs : déménagements, changements de travail…
Les transformations non voulues : les maladies, le corps qui « vieillit »…
Et toutes les fins : les trahisons de ceux qu’on croyait nos amis, les abandons, les séparations, les ruptures, les fins de ces relations que l’on prenait pour de l’amour et qui n’étaient que fake, les déceptions des promesses non tenues, les rendez vous ratés…

Vivre c’est accepter la perte. Parce que perdre c’est se délester : se délester pour avancer vers une vie plus vraie, plus droite, plus centrée.
Parce que perdre ses illusions, ses croyances limitantes, ses conditionnements, ses peurs, ses mensonges, ses naïvetés, ses lâchetés, ses mesquineries, ses aveuglements – bref, tous les voiles de l’ego – c’est cela avancer, c’est cela vivre.

Vivre c’est perdre.

 

 

 


8 commentaires

Audrey PERSON · 15/10/2019 à 11:00

« Prendre du recul, lâcher prise n’est pas renoncer » voilà la phrase qui a résonné en moi la semaine dernière… alors que cela fait 8 ans que j’y travaille… Tu le dis très bien : « il faut du temps pour se réparer, de la patience pour devenir soir même et avancer malgré et avec toutes ses blessures ».

    Nina Costa · 15/10/2019 à 12:36

    🙏
    merci Audrey pour ta sincérité, je suis heureuse si mes mots peuvent t’aider à aller vers toi, à être toi. 💚 💙

GAELLE ADENOT · 16/10/2019 à 09:47

« Accepter de perdre » me fait penser aux jeunes enfants qui hurlent quand ils perdent en jouant au jeu de l’oie ou du nain jaune …certains, comme moi mettront plus de quarante années à apprécier les jeux de société tellement « accepter de perdre » était difficile !!!

    Nina Costa · 16/10/2019 à 10:00

    Oui c’est ça !! ce que tu dis est intéressant : on n’aime pas perdre tout simplement parce qu’on veut gagner !! on cherche à contrôler une situation que souvent on ne peut pas contrôler… surtout dans les jeux de hasard que tu cites.
    Et puis perdre cela veut dire se détacher de ce qu’on possède (ou que l’on croit posséder) et c’est douloureux, à la fois parce qu’on a besoin de nos attachements et que le détachement (et toute forme de séparation) nous met face au vide… Mais aussi parce que le fonctionnement de notre ego est basé sur la dualité « j’aime-je n’aime pas »… à savoir que l’on cherche ce qui va nous donner du plaisir, nous être agréable, et que l’on fuit ce qui va nous être douloureux, désagréable. Or, dans la vie, tout n’est pas agréable, tout ne peut pas être non plus comme on veut !! Accepter de perdre, c’est aussi faire confiance : ce que l’on perd nous met sur le chemin de l’acceptation, sur la voie d’une certaine forme de sagesse aussi… 😉 😊

      GAELLE ADENOT · 16/10/2019 à 13:31

      Merci Fabienne pour cet éclairage (et oui, cette dualité perdre/gagner n’est pas facile à dépasser). Cela me renvoie à un autre type de perte que j’ai pu ressentir quand mes filles étaient bébés : j’avais du mal à regarder des photos prises quelques semaines auparavant et si différentes de ce qu’elles étaient devenues, j’avais l’impression que ces si jolies bébés n’étaient plus …de même, l’arrêt de l’allaitement, me rendait triste, alors que la relation allait continuer d’être toute aussi belle bien que différente. Je crois donc qu’accepter de perdre, c’est aussi accepter de laisser leur place et leur chance aux autres …à commencer par nos proches.

        Nina Costa · 16/10/2019 à 13:37

        Peut être qu’on s’attache aussi à ce qui est connu et qu’on aime, et quand une étape s’arrête, bien sûr une autre va apparaître mais on ne la connaît pas… pas encore… et la peur de l’inconnu peut être présente aussi.
        Bien sûr, on ne possède rien et surtout personne : accepter de laisser l’autre libre d’être qui il est est aussi important que d’être libre soi même.
        Je crois que tu parles aussi du deuil d’une certaine manière : avec les enfants c’est flagrant, chaque période de l’enfance et de l’adolescence laisse la place à une autre, et on peut être tenté.e de « regretter » ou d’être nostalgique des périodes passées… Accepter cela, c’est dire oui au mouvement de la Vie qui est toujours en mouvement et en changement.

Anik · 16/10/2019 à 19:35

La perte d’un être cher est très inconfortable (et le mot est faible) .Il faut beaucoup de temps pour accepter mais lorsqu’on accepte (la foi y contribue) c’est comme une joie intérieure, la personne est là avec nous , elle (re)vit avec nous en quelque sorte, notre quotidien est plus facile … perdre et revivre !

    Nina Costa · 17/10/2019 à 09:52

    Notre vie est faite de pertes et de deuils : la mort des personnes qu’on aime, les départs et les fins (quitter des lieux qu’on a aimés pour aller ailleurs, arrêter un travail….), mais ce/ceux qu’on a aimé.s vraiment reste.nt toujours vivant.s en nous, comme tu le dis si bien, Anik. Ce n’est pas de la nostalgie ni des souvenirs figés dans le passé. C’est que l’amour est un lien indéfectible ❤️

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