Confinement, confinitude, finitude : quel est le sens de l’existence humaine ?

 

Cela fait maintenant 5 semaines que nous sommes confinés, et ce mot « confinement » – que je crois n’avoir jamais prononcé de ma vie avant l’événement tragique de l’épidémie de Covid-19 !! ? – est devenu un refrain qui ne me quitte pas….

Tant de choses ont changé dans nos vies depuis le début du confinement… le réaménagement de notre temps, de notre espace de vie, de notre travail… Tant de réflexions nous viennent… parce que le fait d’être confinés renvoie la plupart d’entre nous à une forme de solitude, ou nous offre en tout cas peut être plus de plages de solitude que dans notre vie « ordinaire ».
Avec des implications tout à fait positives également : car l’introspection – lorsqu’elle  s’accompagne de silence, d’écoute intérieure et de conscience – est une étape indispensable vers notre “chemin d’individuation”, pour reprendre une expression chère à C.G. Jung.

J’ai voulu en savoir plus sur ce que signifie ce mot, hier encore presque inconnu, aujourd’hui LE mot que chacun.e utilise pour désigner l’état – et le fondement même – de son existence actuelle : le confinement auquel nous sommes assignés concerne actuellement 3 milliards de personnes sur Terre, ce n’est pas rien…

Ce terme – explique le Larousse – est généralement utilisé pour désigner l’ensemble des précautions prises pour empêcher la dissémination des produits radioactifs, dans l’environnement d’une installation nucléaire, mais aussi la situation d’une popul­ation animale trop nombreuse dans un espace trop restreint et qui, de ce fait, manque d’oxygène, de nourriture ou d’espace.

C’est drôle : nous nous retrouvons en ce moment à la fois comme des produits potentiellement dangereux – le danger vient essentiellement du fait que le Coronavirus est extrêmement contagieux et que la maladie qu’il provoque peut être mortelle – mais aussi comme des animaux traqués dans un espace trop restreint : notre propre habitation…. puisque la consigne est de sortir le moins possible de chez nous pendant la période de quarantaine, seul moyen – on le sait – de ralentir la propagation du virus.

Creusons un peu plus profondément le sens de ce mot : « confinement » vient du verbe « confiner » qui exprime pourtant une autre idée : celle du rapprochement et de la frontière : « toucher à un lieu par ses frontières », mais également « être très proche de quelque chose ».
Plus généralement, le confinement, c’est l’action de « confiner », ou de « se confiner » dans un lieu , et aussi le fait de confiner quelque chose, c’est-à-dire de l’enfermer.

En ce moment, nous sommes effectivement confinés dans un espace limité et notre liberté de mouvement est restreinte.
Pourtant, nous sommes éloignés les uns des autres : les contacts humains réels sont rares, et la plupart d’entre nous vivent l’expérience du confinement seuls, ou avec quelques proches seulement.

Allons encore un peu plus loin : l’étymologie du mot confinement est tout simplement le mot « fin », qui vient du latin « finis » dont le sens premier signifie « borne » et, plus précisément,  « limite d’un champ, d’un territoire » ; par extension, la fin prend le sens de « terme », de « but » . Le mot dérivé « confinium » signifie « limite commune ».

Dans l’idée du confinement, il est donc question de limiter, de borner. C’est l’origine du mot « confins » que l’on traduit par « limite, point, partie extrême, degré intermédiaire » ou encore par « frontière » (= les parties d’un territoire situées à son extrême limite et à la frontière d’un autre).

Donc, être confiné, c’est être situé dans une espace borné, délimité par des bornes : n’est ce pas la définition exacte de l’existence humaine, délimitée et définie par deux « bornes », avec d’un côté, la naissance, et à l’autre extrémité, la mort ?

N’est ce pas à cette condition humaine que le confinement provoqué par l’épidémie de Covid-19 nous ramène inexorablement ?

 


Le virus est mortel, et nous sommes tous concernés : ce qui nous unit tous en ce moment, partout dans le monde, c’est la peur, la souffrance, et aussi la solidarité et le soutien mutuel. Pour une fois – et c’est dans une situation tragique – il y a unanimité au sein de l’humanité.

Alors, si la mort est bien la borne finale de notre Vie, est ce que vivre confinés serait finalement notre état « normal » ?
Vivre, non pas dans un lieu confiné – vivre sa vie dans un lieu qui sent le renfermé, ça ne donne pas envie… !! ? -, mais parce que la finitude est tout simplement la condition même de l’existence humaine.
Comme si nous l’avions oublié… !! ?

Confinement, métaphore de l’existence ?
Vivre, ce n’est pas rester confiné, enfermé, isolé, et c’est pourtant l’expérience que nous vivons tous aujourd’hui !!

 

 

Loin de nous angoisser en prenant conscience de cette « confinitude » essentielle, nous devons au contraire jouir pleinement de la Vie, comme nous y incitait déjà en son temps Epictète
Vivre plus intensément encore « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui », comme l’écrivait Stéphane Mallarmé.

 

Certes, notre « aujourd’hui » est parfois difficile à vivre…. Mais il y a chaque jour tellement de raisons de se réjouir d’être en Vie !! ❤️

Nous découvrons en nous de nouvelles ressources, de nouvelles façons d’organiser notre vie, notre temps, notre espace… Nous apprenons à nous concentrer sur l’essentiel, à nous relier à la simplicité des choses, à nous contenter de peu mais avec intensité, à nous réjouir d’être en lien avec les personnes qui comptent vraiment pour nous : même si nous sommes physiquement éloignés, nous sommes proches par l’esprit et surtout par le coeur. ❤️

Car c’est dans l’adversité que nous reconnaissons celles et ceux qui comptent le plus pour nous ; que nous recevons les preuves de l’amour vrai et de la fiabilité de celles et ceux sur qui nous pouvons compter, et qui peuvent compter sur nous ; que nous montrons à notre tour les preuves de notre amour, de notre soutien et de notre confiance.

Si nous sommes tous contraints de respecter les règles strictes de confinement, et de mettre notre vie routinière de côté pour adopter de nouveaux comportements, imposés plus que choisis, chacun.e se retrouve aujourd’hui confiné.e dans sa propre existence, totalement face à soi même.

L’épidémie ne balaie pas non plus les préoccupations personnelles que nous pouvons tous rencontrer et qui, hier encore, occupaient une place importante dans notre vie : pour certain.es, c’est la maladie, et peut être des interventions chirurgicales repoussées car moins urgentes que la prise en charge des personnes infectées par le Covid-19 ; d’autres traversaient peut être des difficultés personnelles, professionnelles ; d’autres encore vivaient une rupture sentimentale… ou, au contraire, débutaient une relation amoureuse… La vie d’avant continue avec le confinement !! Ces difficultés peuvent toutefois être exacerbées par la situation extrême que nous vivons tous aujourd’hui.

Il y aura un avant et un après Coronavirus : nous sommes tous pris dans la même tourmente, et pourtant, nous la vivons tous différemment, avec les spécificités de notre vie propre, et our certain.es, c’est plus facile que pour d’autres…
La petite histoire n’est pas moins importante que la grande, la grande histoire elle même n’est que la somme de toutes nos petites histoires individuelles.

 

La Vie de chaque être humain compte, la Vie de chaque être humain est magnifique, la Vie de chaque être humain est précieuse comme un trésor. ? ⭐️? ⭐️? ⭐️

 

Cinq semaines. Le temps semble s’être mis sur pause. La vie au jour le jour.
Et même si on a terriblement hâte d’en sortir, on attend patiemment la fin du confinement : oups !! la fin de la fin ?? ?

 

En cette période-frontière – entre l’avant et l’après Coronavirus – la Vie nous demande de revisiter nos priorités : car finalement, il n’y a qu’une question à se poser : c’est quoi, c’est qui mon essentiel ? ❤️

 

Retrouvez tous mes articles sur le confinement :

Revenir à l’essentiel

Journal de bord du confinement
Un jour comme un autre : le temps au temps du confinement
Quels sont les messages du confinement ?
Lecture de confinement : le Pays sous le vent, de Grazia Deledda

Memento mori

 

Jean Seberg et Jean Paul Belmondo dans A bout de souffle, film de Jean Luc Godard

 

 

 

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2 commentaires

Gaëlle Adenot · 20/04/2020 à 19:22

Ce que j’ai à l’esprit au bout de 5 semaines de confinement, c’est la protection que ce confinement m’a apporté. Je le vis d’autant plus de cette façon que mon beau-père vosgien nous a rejoint dès la veille du confinement. Son premier appel à son ami de cartes, une semaine plus tard fut un choc puisqu’il n’était plus et cela a été le cas pour 7 anciens du club décédés dans les 2 premières semaines de confinement…(une réunion le 10 mars à laquelle mon beau-père n’est pas allé, …? on ne le saura jamais), toujours est-il la maladie est extrêmement contagieuse. Vivre avec avec, va amener beaucoup de contraintes et va nous obliger à ralentir, à moins remplir les classes, moins de personnes dans les magasins …
Aujourd’hui, je pense au déconfinement indispensable pour certains car ils étouffent matériellement (aussi bien les chefs d’entreprises que mes élèves les plus fragiles pour lesquels le repas de la cantine c’est le repas de la journée).

    Nina Costa · 21/04/2020 à 14:36

    Le confinement n’est pas vécu de la même manière par tout le monde, en effet… Il y a des différences entre les régions (l’Est est plus touché que l’Ouest par ex), entre les tranches d’âges aussi bien sûr, comme tu l’évoques tristement. Entre les classes sociales et socio-professionnelles… Les inégalités sont là, criantes une fois de plus…
    Et le déconfinement nous réservera de nouvelles surprises, avec certainement des désillusions, mais aussi de nouveaux comportements à adopter. De nouvelles priorités aussi émergent en cette période difficile de pandémie : on fait le tri entre le superflu et l’essentiel, dans tous les domaines de notre vie (matériel, affectif, amical, professionnel, etc.). Et je crois que ça, c’est une bonne chose !!
    Merci Gaëlle pour ton témoignage ?? et ta présence fidèle sur mon blog ! ? ?

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